Une famille française sur quatre est confrontée aux violences en ligne


Vingt-quatre pour cent des familles ont été confrontées au moins une fois au cyber-harcèlement et un quart des jeunes déclarent avoir déjà été témoin de tels faits : c’est ce qui ressort de la troisième édition de l’étude sur le cyber-harcèlement Caisse d’Epargne – Association e-Enfance/3018 (numéro gratuit) rendue publique mardi 17 octobre. Mené en ligne par l’institut Audirep en juin 2023, le sondage a été adressé à 1 200 binômes constitués de parents et leurs enfants mineurs et scolarisés, âgés de 8 à 18 ans. Des résultats dans la lignée des précédentes éditions : en 2021, 20 % des élèves de primaire, collège et lycée avaient déclaré avoir déjà été victimes de cyber-harcèlement.

Une écrasante majorité des enfants répondants (86 %) sont inscrits sur les réseaux sociaux. La part des 8-10 ans a particulièrement progressé : si seuls 27 % des élèves de primaire étaient présents sur les réseaux sociaux en 2021, ils seraient désormais 67 % à l’être. Une situation qu’estime « très préoccupante » Justine Atlan, directrice générale de l’association e-Enfance/3018, qui a été « surprise » par ce résultat, les réseaux sociaux n’étant pas censés permettre l’inscription aux utilisateurs de moins de 13 ans.

Mme Atlan explique cette progression par le rajeunissement de l’âge du premier téléphone (bien souvent un smartphone faute d’alternative, précise-t-elle) et « l’explosion de TikTok dans les familles depuis le confinement ». Cette application est, juste après YouTube, la plus plébiscitée par les plus jeunes, rappelle la directrice générale. Chez les collégiens et lycéens, Justine Atlan évoque plutôt le succès de Snapchat et des messageries, comme Whatsapp, déplorant par ailleurs le manque de réactivité de la filiale de Meta quand il s’agit de répondre aux alertes d’e-Enfance.

Des parents conscients et inquiets

Parmi les répondants de l’étude qui disent avoir été confrontés au cyber-harcèlement, plus de la moitié déclare avoir vu leur scolarité, mais aussi leur santé et leur sommeil perturbés. Trente et un pour cent « reconnaissent avoir pensé au suicide », relève le bilan de l’étude. Quant à leurs parents, ils sont 89 % à estimer que l’usage répété des réseaux sociaux a un impact sur le comportement de leurs enfants. Selon l’étude, ceux-ci attendent de la formation et de l’accompagnement sur le sujet, mais aussi un renforcement des sanctions contres les auteurs de harcèlement en ligne. Soixante-dix pour cent de ces parents n’ont pas le sentiment d’avoir le contrôle réel des usages en ligne de leurs enfants.

L’étude s’intéresse également – et pour la première fois – au cas des enfants auteurs de cyber-harcèlement et participants même involontaires à des campagnes de violence en ligne (6 % des enfants répondants). Quarante-sept pour cent de ces derniers expliquent avoir concouru à ces phénomènes « pour rigoler » et 29 % « pour faire comme les autres ». Si « 87 % des jeunes concernés ont compris les conséquences de leur geste » , les conclusions de l’étude précisent toutefois que « 30 % ont réitéré un comportement de cyber-harcèlement ».

A la fin de septembre, le gouvernement a désigné le 3018, piloté par l’association e-Enfance, comme le numéro national unique et gratuit contre toutes formes de harcèlement.

Le Monde



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